À Trajectoire Québec, nous devons nous réjouir que la nouvelle politique phare du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports embrasse une vision large de la mobilité des personnes et mette de l'avant l'accès aux services, la sobriété carbone et le développement économique.

Ce qu'il faut retenir, c'est qu'on tourne finalement le dos au tout-à-la-voirie; c'est la première fois que le gouvernement envoie une symbolique aussi forte en faveur du développement durable en transport. Elle fixe des objectifs tels que 20% de réduction de la facture transport des ménages, 40% de réduction de la consommation de pétrole et l'accès à au moins quatre services de mobilité durable pour 70% des Québécois.

C'est ambitieux et c'est le virage nécessaire pour adresser les enjeux de mobilité de notre société contemporaine. C'est aussi la première fois qu'une politique publique québécoise adopte l'approche Réduire-Transférer-Améliorer pour s'assurer que les programmes gouvernementaux soient alignés sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous devons souligner le large éventail de mesures pour tout le territoire, dont l'accroissement de 60% des services de transports collectifs d'ici 2030. De plus, le financement de plusieurs grands projets de transport en commun, des bonifications attendues depuis plusieurs années en transport adapté et en transport collectif régional, des sommes pour soutenir le déploiement des nouvelles mobilités et du mobility-as-a-service et des arrimages plus grands avec l'aménagement du territoire dans les municipalités. Dans le plan d'action de cinq ans qui accompagne la politique, on prévoit également des mécanismes de suivi dont un Forum annuel, des collectes de données accrues ainsi qu'un chantier sur le financement de la mobilité. Et les bons coups soulignés se répercutent également dans d'autres secteurs du transport des marchandises et du transport intelligent.

Aurait-on pu aller plus loin dans cette politique? Oui, certainement, mais il n'est pas trop tard! En effet, les programmes prévus pour les cinq prochaines années nous mettent collectivement sur la bonne voie pour l'atteinte des objectifs de 2030, mais les actions gouvernementales à partir de 2023 devront être encore plus favorable à la mobilité durable. Comment? En adoptant une approche plus forte entre les incitatifs aux modes durables et les désincitatifs à l'auto-solo, ces derniers étant assez peu présents dans la politique. Comment l'État peut-il continuer à soutenir le développement autoroutier comme l'A19, alors que, comme le dit si bien la politique elle-même: « l'augmentation de la capacité routière fragilise davantage les finances publiques tout en contribuant de façon importante à l'accroissement de la congestion, de la motorisation des ménages et des émissions de GES ». C'est en effet ce que Trajectoire annonçait dans SON ÉTUDE de janvier dernier sur les coûts de l'automobile.
 

Finalement, cette bonne politique aurait pu mettre en œuvre plus de mesures directes aux citoyens, tel que la relance du crédit d'impôt au transport en commun éliminé par le fédéral, ou le financement d'une tarification sociale des transports (basée sur les revenus), une mesure dont les retombées économiques, sociales et d'inclusion sont démontrées là où elles sont en place dans le monde. Et finalement, tant qu'à offrir 8 000$ par personne pour des voitures électriques, on pourrait offrir des financements à l'achat d’un vélo, d’un vélo électrique ou de chaussures de marches, des déplacements très durables!

Philippe Cousineau Morin

Directeur