Troisième lien: les principes de relance verte doivent guider les investissements du gouvernement fédéral

 

Le gouvernement de François Legault annoncera officiellement, lundi prochain, un amalgame  de projets de transport collectif et autoroutier pour la grande région de Québec. Une œuvre d’ensemble, dit-il, dont le budget total est de près de 10 milliards $.

 

En combinant le tramway, le troisième lien, et des élargissements d’autoroutes sous couvert de pseudo voies réservées, le gouvernement se lance dans une grande campagne de marketing vert, en utilisant les projets de transports collectifs comme bouclier pour les projets autoroutiers.

 

Ainsi, même si le gouvernement dit vouloir proposer une « vision intégrée », il est connu que dédier des milliards à un projet de développement autoroutier comme le troisième lien va fondamentalement à l’encontre de ceux investis pour un projet de mobilité durable, comme le tramway, qui visent à retirer des véhicules de la route et offrir des options aux automobilistes. Le gouvernement parle d'intégration du réseau de transport collectif avec le réseau autoroutier alors qu'il devrait plutôt parler de transfert vers des modes plus durables. En ce sens, il se trompe de cible.

 

Avec un tel budget pharaonique, il est déjà acquis que le gouvernement du Québec se tournera vers celui de Justin Trudeau pour lui demander de contribuer financièrement. Or, les programmes d’infrastructures du gouvernement fédéral financent essentiellement des infrastructures vertes.

 

Mettons d’abord les choses au clair: la composante tramway de l’annonce à venir est déjà sur les rails puisque l’appel de propositions a été lancé le 30 avril dernier avec l’autorisation du gouvernement du Québec et la contribution financière du fédéral. Le besoin d’annoncer le démarrage du tramway n’est donc pas réglementaire: il s’agit d’une démarche de communication servant à verdir l’image des autres composantes, qui sont autrement moins intéressantes. 

 

Le projet de troisième lien entre Québec et Lévis n’a jamais été justifié et les données tirées des enquêtes de déplacements montrent clairement que les besoins ne sont pas présents, autant pour le transport automobile individuel que pour le transport en commun. Ce n’est donc clairement pas parce qu’on promet du transport en commun dans le troisième lien qu’il peut se qualifier de durable.

 

Mettre autant d’argent dans un projet aussi injustifié priverait par ailleurs le Québec en entier de ressources qui pourraient être bien davantage utiles ailleurs et axées sur une relance prospère, verte et solidaire.

 

Idem pour le projet d’élargissements déguisés d’autoroutes, coulé dans les médias le 22 avril dernier et que le gouvernement présentera sûrement comme un projet « vert ». Le désir de desserte des banlieues en transport collectif est louable et nous le partageons. Cependant, les voies réservées vers les banlieues devraient être construites à même les voies existantes ou sur des voies d’accotement, et non en augmentant la capacité routière. On économiserait ainsi au passage plusieurs centaines de millions de dollars et on aurait plus de chance d’atteindre nos objectifs de réduction de GES du secteur des transports.

 

Dans le contexte de cet amalgame de projets, nous sommes préoccupés par le fait que de possibles investissements du gouvernement fédéral pourraient aboutir dans des infrastructures autoroutières dont la pertinence n'est pas démontrée, et dont les avantages environnementaux et sociaux sont, à notre avis, pratiquement inexistants.

 

Évaluations environnementales

 

Parlant d’environnement, il y a fort à parier que le gouvernement du Québec veuille mettre le troisième lien et les élargissements d’autoroutes sur la voie rapide en limitant au possible la durée des études d’évaluation d’impact environnemental, le tout justifié par la relance économique post-pandémique.

 

Or, ces projets sont trop gargantuesques en coûts et impacts de toutes sortes pour qu’on escamote une saine et exhaustive évaluation des impacts environnementaux. Si ce n’est pas le gouvernement du Québec qui le fait, c’est Ottawa qui doit y voir.

 

Etienne Grandmont

Directeur général d’Accès transports viables

 

Sarah V. Doyon

Directrice générale de Trajectoire Québec

 

Marc-André Viau

Directeur des relations gouvernementales, Équiterre

 

Christian Savard

Directeur général de Vivre en Ville