Grèves dans les sociétés de transport: une nouvelle étude du groupe Transportation Research at McGill (TRAM) confirme que les usagers et usagères du transport collectif sont pris en otages

Montréal, 20 juin 2025 - Trajectoire Québec, une association vouée à la défense des usagers et usagères des transports collectifs, appelle les sociétés de transport et leurs syndicats à négocier de bonne foi, en tout temps, afin d’éviter de prendre les usagers et usagères en otages avec le déclenchement de grèves qui devraient n’avoir lieu qu’en dernier recours et avec des services bonifiés offerts. 

Ces cessations de service ont des conséquences importantes sur les usagers et usagères, particulièrement les plus vulnérables qui n’ont pas d’autres options pour se déplacer. Alors que nous sortons tout juste d’une grève à Montréal, c’est maintenant au tour de Shawinigan d’être en grève et un avis de grève a été déposé pour Québec, qui coïnciderait avec le Festival d’été de Québec, le plus grand événement annuel dans la région de la Capitale-Nationale . Dans le cas de Shawinigan et de Québec, nous déplorons également qu’il n’y ait aucun service de transport essentiel proposé pendant les journées de débrayage. Nous avons également beaucoup de difficultés à comprendre pourquoi une offre de service complète était offerte pendant le Grand Prix de Formule 1, mais qu’il n’y aurait aucun service offert pendant le Festival d’été de Québec.

« Les transports collectifs sont un service essentiel, particulièrement pour les personnes les plus vulnérables qui n’ont pas d’autres options pour se déplacer. Nous venons de voir au cours des dernières semaines les conséquences désastreuses des grèves pour les utilisateurs et utilisatrices des transports collectifs au Réseau de transport de la Capitale (RTC) et à la Société de transport de Montréal (STM). Plusieurs personnes ont dû s’absenter de leur travail, n’ont pas été en mesure de se rendre à leurs rendez-vous médicaux ou n’ont pu manger à leur faim. Il y a d’autres moyens de pression qui peuvent être utilisés et les grèves devraient seulement être utilisées en dernier recours. Des services essentiels bonifiés doivent également être offerts en cas de grève. Les services proposés à Québec et Montréal lors des dernières grèves étaient inacceptables », affirme Philippe Jacques, co-directeur général et porte-parole de Trajectoire Québec. 

Suite à la grève survenue à la STM du 9 au 17 juin, le groupe Transport Research at McGill (TRAM) a d’ailleurs mené un sondage auprès de plus de 1 100 personnes afin de saisir l’impact de cette grève sur les résidents de la région de Montréal. 

• 98 % des Montréalais.es considèrent le transport en commun comme un service essentiel;
• 66 % des usagers du transport en commun ont déclaré avoir ressenti un stress important lié à leurs déplacements quotidiens durant la grève, les jeunes répondants (moins de 34 ans) rapportant des niveaux de stress plus élevés;
• De nombreux Montréalais ont dû adapter leur trajet vers le travail ou l’école pendant la grève, en modifiant l’heure de leur départ de la maison (42 %) ou en se tournant vers d’autres modes de transport (36 %);
• Plus de la moitié des usagers du transport en commun se sont dits insatisfaits de leur capacité à participer à des activités non liées au travail pendant la grève, plusieurs ayant dû annuler ou reporter des rendez-vous, des courses ou d’autres besoins quotidiens. Ce phénomène était particulièrement marqué chez les personnes à faible revenu;
• 68 % des Montréalais.es estiment que la congestion routière s’est aggravée durant la grève;
• La plupart des répondants tiennent la STM et le gouvernement provincial du Québec responsables de la grève;
• 80 % des Montréalais croient que les détenteurs d’un titre de transport mensuel/annuel devraient être indemnisés pour la réduction ou l’interruption du service.

Voici quelques témoignages recueillis lors de ce sondage: 

• « Je me sens prisonnière, d’autant plus que j’habite un quartier excentré où il faut prendre le bus pour avoir accès aux commerces de base. », explique une citoyenne d’Ahuntsic-Cartierville
• « J'avais des rendez-vous médicaux suite à une hospitalisation d'urgence qui étaient impossibles à annuler ou à déplacer.  J'ai dû emprunter de l'argent pour payer des taxis. », affirme une résidente de Rosemont-La-Petite-Patrie

« Je n'ai pas un salaire élevé alors je dois faire des économies sur tout pour pouvoir manger convenablement. J'ai dû prendre cet argent destiné à ma nourriture pour pouvoir aller travailler. C'est très injuste. », déplore une citoyenne de Côte-des-Neiges - Notre-Dame-de-Grâce