Le gouvernement du Québec a déposé mardi un projet de loi pour « rouvrir » le contrat des wagons AZUR du métro de Montréal, permettant ainsi à la STM de gonfler la commande de trains à Bombardier, qui sont produits à La Pocatière. Le renouvellement intégral de la flotte de MR-73 n’étant pas dans les priorités montréalaises, le projet de loi ouvre maintenant la porte au remplacement d’une partie du parc, une solution qui ferait un bon compromis entre les besoins des utilisateurs et la volonté du gouvernement, plus proche d’une politique industrielle.

« Le diable est dans les détails » dixit Valérie Plante

Le 17 avril dernier, Trajectoire Québec écrivait au premier ministre Couillard pour lui rappeler que Montréal avait déjà renoncé à renouveler à court terme les voitures de métro MR-73. En effet, un projet d'amélioration de service coûteux par rapport à d'autres investissements prévus. Nous écrivions alors : « les avantages sur le service du renouvellement de ces voitures sont bien faibles vis-à-vis d'autres projets d'amélioration du service sur le territoire montréalais, pour les mêmes montants d’argent. » Or, la STM écrivait mardi, dans son communiqué de réaction : « le gouvernement a confirmé que cet engagement [de nouvelles voitures] n'aura aucune conséquence sur le financement des projets en cours ou planifiés dans le cadre du plan d'investissement 2018-2027 de la STM. » Bonne nouvelle, et hourra pour les 300 nouveaux autobus.

Dans la même veine, si une politique industrielle en transport nous apparaît louable, c’est à l’État de la défrayer, non aux taxes foncières de la région montréalaise et ses transporteurs. Nous invitons donc le gouvernement à bonifier son financement prévu pour cette commande. Rappelons que le renouvellement de wagons est traditionnellement financé à 75% par Québec, alors que les routes, comme l’échangeur Turcot, le sont à 100%.

Ne pas revivre la saga de la commande des MR-63

Quelques interrogations restent à suspens, notamment lorsqu’on lit au projet de loi, à l’article 5, « Aucune action en justice ne peut être intentée contre la Société de transport de Montréal ou le procureur général ». Or, on se rappelle bien les délais qui ont suivi de 2005 à 2010, lorsque le contrat octroyé à Bombardier a fait l’objet de contestations judiciaires. Espérons ne pas revivre cette saga ...

Les décisions du gouvernement du Québec dans les projets de transports en commun montréalais n’ont pas toujours été les plus heureuses. À l’heure de l’entrée en fonction de l’Autorité régionale de transport métropolitain, qui a autorité exclusive sur la planification des transports en commun dans la région montréalaise, il faudra bien revenir à l’esprit de cette loi et distinguer politique industrielle de politique de transport. Oui, oui, une grosse commande… qui sera bénéfique aux citoyens utilisateurs des transports!

 

-L'équipe de Trajectoire